ROSSO, BOGHE, KAEDI le long du fleuve Sénégal , en Mauritanie
après une assez longue halte à Nouakchott, je pars vers Rosso, vers le fleuve.
en taxi-brousse. Pas d'autres moyens de locomotion dans ce coin de Mauritanie.
le but est une balade vers Selibaly, longer le Sénégal, puis partir avec Samba Diallo et sa famille dans leur village.
le séjour dans le village ne se concrétisera pas, je le regrette bien, l'accueil par la famille de Samba, à Nouakchott était si chaleureux que je me faisais joie de leur invitation. mais la famille a du rester à Nouakchott règler des problèmes d'achat de maison ... compliqué
donc finalement me voici en vadrouille de petite ville en petite ville, essayant de traquer le fleuve à tous les tournants.
Rosso : le bac et la frontière vers le Sénégal
le bac (deux le matin, deux le soir) qui fait la navette Rosso-Sénégal
les piétons prennent aussi des pirogues pour traverser le fleuve
je suis entrée dans la zone du bac assez facilement, sans contrôle. En sortir aura été un peu moins soft .....
on m'interdit la sortie par le grand portail, et je dois me diriger vers la sortie officielle , comme si je venait du Sénégal... je donne mes papiers, explique que je ne viens pas d'outre-fleuve, que je suis à l'hôtel à Rosso, que je me promène pour découvrir ect ect .... toujours avec un grand sourire, les douaniers m'indiquent alors (après avoir épluché mon passeport) une sortie impossible à trouver. Je ferai trois fois le tour et passerai trois fois à l'épluchage du passeport avec les mêmes douaniers goguenards.
finalement je trouve ladite sortie mais en fait, les douaniers me font tourner en bourrique : ils attendent manifestement le billet magique. Je fais l'andouille, je trainaille et profite de la sortie d'un groupe de femmes en méhalfa : je me glisse dans le groupe et sors enfin, en catimini, de la "boutique" des arnaqueurs en puissance.
ouf ! rien n'a été bien méchant, mais ça irrite, tout de même.
je me demande pourquoi il n'y a pas encore de pont à cet endroit, la frontière est un entonnoir, un goulot d'étranglement, la file des camions attendant le passage est impressionnante.
faut être patient, en Afrique, je le sais, mais pour le commerce, ça ne doit pas être bien favorable.
je retourne à mon hôtel, pédibus, dans la soirée : le soleil baisse vite sous ses latitudes.
la ville est hélas particulièrement sale. constat fait dans toutes les villes de Mauritanie.
des sacs en plastique, des monceaux de déchets alimentaires, des couches culottes merdeuses, des animaux morts, des emballages en tout genre.
les chèvres mangent là dedans...
un jeune gars me dira "tu vois, les chèvres mangent ces saletés, et nous on mange les chèvres? Comment veux-tu qu'on ne soit pas malade"
les tentatives de mises en place du prélèvement des ordures échouent les une après les autres : pas de lois allant dans ce sens, pas de rentrée des impôts, donc pas d'argent.
aucun effort des pouvoirs publics, aucune possibilité de rentabilité pour les initiatives privées.
il reste la bonne volonté des populations ....
je loge à l'hotel ASMAA (BOWBE) : bof bof, 10 000 UM, + le petit dej
je reprends la route dès le lendemain.
villages le long de la route : des éleveurs de bétail pour la plupart.
quelques rizières en bordure de fleuve.
j'ai été frappée par le peu de cultures sur la lit du fleuve Sénégal, fleuve à crues arrosant des terres propices à l'agriculture
petits affluents du Sénégal
le Sénégal
de très grands troupeaux
arrêt à Boghé
les paysages sont désertiques, autrefois, maintenant, ça se ressemble fort
les villages de khaïmas : moitié en dur : un plateforme de béton et des poteaux sur lesquels sont, soit tendues des toiles traditionnelles, soit posés des toits en tôles ondulées, peintes de couleur layette : bleu ciel, vert tendre, rose ...
les rues n'ont aucun charme dans les petites villes.
les villages sont beaucoup plus agréables
se restaurer à Boghé : la rue principale est entièrement livrée aux restaus de rue, des khaïmas ou l'on s'assoit sur tapis et matelas + coussins !
la khaïma où je m'arrête en tellement basse qu'en voulant y entrer, je me heurte le front sur l'arrête en bois du toit : en 2 minutes, le sang coule , coule : mon visage et mon cou, mes lunettes sont pleines de sang. il faudra un seau d'eau pour laver tout cela, sous le regard héberlué des passants : touriste, femme solo, j'attirais les regards, mais tête en sang en +, c'était le pompon !
ça me déstabilise, déja j'étais un peu en mode "où je suis où je suis" ... là, c'était parfait !
un superbement bon et très copieux couscous poisson m'attendait : plus vraiment d'appétit, je vais remplir le ventre d'un petit talibé qui passait par là.
je poursuis vers Kaedi
pas franchement appétissante, la visite de Kaédi
"c'est un assemblage hétéroclite et extravagant de planches, tôles ondulées, marchandises, hommes, femmes et bestiaux. Le tout chargé d'odeurs et de couleurs. Du vécu, de l'authentique, pas un touriste" (le routard Afrique de l'ouest 2013-2014) : je confirme !
éternelles saletés en tout genre, partout, partout
mais il y a un petit centre ville sympa : ouf !
balade le long du bras du Sénégal
kaedi vu de la rive droite
le soir tombe sur la ville, je rentre à mon bercail
ma crèche de deux soirs : hôtel FABOLY
10 000 UM la chambre, propre et bon accueil
l'hôtellerie "bas de gamme" est chère dans ce coin de pays (le double de ce que je payais à Nouakchott)
et le diner du soir : poulet frites oignons pain bon ap'
mon impression après ce parcours est très mitigée : la forte impression de ne rien y comprendre.
la population est majoritairement noire, mais on ne retrouve pas du tout là la "générosité" et la vitalité des populations des pays "plus bas" : Mali, Burkina, Togo, Bénin..
Je ressent une gène, une tristesse, y'a comme un quelque chose qui ne va pas bien. comme une "envie des autres" qui se serait perdue.
je l'attribue, peut-être à tort, à l'acculturation massive que vivent ces populations. Dominés de longue date par les maures blancs, leurs langues traditionnelles battues en brèche par l'arabisation forcée (mais manquée : on entend davantage parler hassanya, langues locales et ... français que l'arabe).
impression qu'en Mauritanie en Général, et dans ce sud en particulier, le bonheur est en panne.